témoignages + 2006 octobre 19 Gérard

Un message de Gérard Lutte

2006: une année exceptionnelle!

Le 8 avril, l'Assemblée Générale des jeunes a approuvé les nouveaux statuts qui inaugurent la phase d'autogestion: maintenant ce sont les jeunes qui prennent les décisions et les accompagnateurs adultes ont seulement un rôle de conseillers.

Autogestion

Les effets positifs de l'autogestion se sont rapidement fait sentir. Déjà en mai, le Comité de gestion formé de 4 filles et 3 garçons a opéré une véritable "révolution culturelle". En effet, ils ont décidé que l'école, qui jusque là se faisait deux matinées par semaine, aurait dorénavant lieu tous les matins du lundi au vendredi. La formation professionnelle, elle, tous les après-midi (au lieu de 3 fois par semaine).

Plusieurs éducateurs étaient sceptiques et disaient que le nombre d'élèves allait fortement diminuer. C'est le contraire qui s'est passé: le nombre a triplé à tel point qu'il n'y a plus assez de place pour accueillir les nouveaux étudiants. Ces jours-ci, 19 élèves de notre "école de l'amitié" et 23 "alphabétisés de la rue" se présentent aux examens pour obtenir le niveau de 2°, 4° et 6° élémentaire. Il s'agit d'un diplôme officiel qui les autorise à poursuivre des études.

Autorité?

Toujours grâce au Comité de gestion, on a pu s'engager sur la voie d'un autre changement culturel important. Le Guatemala est un pays qui n'a pas connu de vraie démocratie du fait des longues années de dictature militaire. La majorité des organisations et associations connaissent des hiérarchies rigides: c'est le règne de la soumission. Le non respect des règles est sévèrement puni par des exclusions, des châtiments sévères et humiliants. Dans ce contexte, instaurer une démocratie de base fondée sur l'amitié est pour le moins un pari audacieux. Je pense qu'il pouvait seulement réussir avec des filles et des garçons des rues qui refusent les petits chefs et les hiérarchies. Ils disent souvent: "dans notre groupe, chacun est son propre chef".

 Depuis des années on faisait des efforts pour changer les pratiques punitives qui dominaient même dans le Mouvement. Mais c'est seulement maintenant, avec le Comité, qu'il a été possible de prendre un virage décisif. Les jeunes ont ainsi décidé qu'il fallait supprimer les exclusions (sauf pour raisons gravissimes) et les peines humiliantes. A présent on dialogue et on adopte des peines constructives. Le chemin sera encore long, mais nous avons pris la bonne voie.

Les jeunes du Comité de gestion n'ont pas peur de prendre leurs responsabilités et, parfois même, de critiquer les décisions des accompagnateurs adultes. Un incident récent les amenés à remettre en cause la punition infligée par une éducatrice parce que non conforme à l'esprit du Mouvement. L'éducatrice a reconnu son erreur et remercié les jeunes pour leurs remarques faites avec respect et amitié.

A

utre événement très important: l'ouverture de la "Maison du 8 mars" pour les filles de la rue et leurs enfants. Pour le moment, y vivent 8 filles et 4 bambins (de 10 jours à un an) dont 3 nés dans la maison. En janvier 2007, nous voulons ouvrir une maison pour les garçons. C'est bien nécessaire vu les assassinats et viols (même de garçons) dans la rue. Nous cherchons une maison et un accompagnateur. Un groupe d'amis de Cordoue nous a promis d'envoyer des volontaires.

Au mois d'août, nous avons élaboré ensemble la programmation et le budget pour 2007: poursuite de tous les programmes actuels et démarrage de quelques nouveautés. Outre la maison pour garçons, nous prévoyons l'ouverture d'un centre de santé avec une infirmière et une assistante. En effet, les problèmes de santé sont de plus en plus dramatiques (avec une progression rapide du sida dans la rue).

Problèmes

Les nombreuses avancées ne doivent pas occulter les difficultés. A commencer par celles des jeunes du Comité de gestion pour sortir des problèmes de la rue. En outre, ils doivent trouver les méthodes les plus efficaces pour associer au maximum leurs compagnes et compagnons aux prises de décision. Enfin, il n'est pas toujours facile pour les accompagnants de renoncer à leur pouvoir.

Une faiblesse de notre organisation, c'est la difficulté d'insertion  dans le monde du travail des jeunes que nous avons formés. La majorité des Guatémaltèques vivent du travail informel et l'accès à un travail régulier est encore plus difficile pour les jeunes de la rue étiquetés drogués ou voleurs.

La formation des accompagnants, du personnel administratif et des jeunes du Comité doit être intensifiée pour améliorer encore l'action du Mouvement. Enfin, jusqu'ici, le financement  dépend à 90 % de l'aide extérieure.

M

algré sa fragilité, le Mouvement s'affirme de plus en plus et est reconnu comme "la" structure des jeunes de la rue de la capitale. Il travaille avec la Municipalité et le "Bien être social", organisation d'aide sociale dirigée par l'épouse du Président de la République. Pour la 2°fois consécutive, il a reçu une subvention extraordinaire de l'Unesco en reconnaissance de la qualité de son travail. En septembre, les jeunes ont présenté à l'Unesco un spectacle de cirque et de danse de grande tenue.

Mais, pour se développer, le Mouvement a besoin de nouveaux espaces, de nouveaux travailleurs et de ressources plus importantes: au moins 300.000 euros pour 2007. C'est beaucoup et peu! Cela fait 300 personnes, associations, écoles, communes, paroisses, groupes d'amis … qui s'engagent à donner 1.000 euros par an. Nous n'y sommes pas encore: les prévisions les plus optimistes laissent espérer les 2/3 pour l'an prochain.

Vous êtes le seul espoir des filles et des garçons des rues. Le sort du Mojoca est entre vos mains!

 

CONTACTS

Pour participer activement au réseau d’amitié et de solidarité :

Coordination :

C.D.R., rue du Monument, 7, B 6730 ANSART

André Wenkin : Tél. 063/ 44 .43.49

Jacqueline Englebert : Tél. : 061/ 31.21.42

Courriel : cdr.ansart@skynet.be

A Bruxelles :     Anne Serck : 02/ 77.21.676

                            Elise Serck :0485/ 49.46.29

A Liège :     Marta Reiguero :0485/ 95.98.87

                    Luis Davila :0484/ 58.40.84

                    Odette Goffard : 04/ 37.77.32.19

Brabant wallon :   André Stuer :010/ 68.99.12

                                Françoise et Jacques Liesenborghs :010/ 22.60.70

Verviers :   Lucien Gosset : 087/ 22.68.20

 

SOLIDARITE

Les dons peuvent être versés sur le compte 751-2004742-83 de
« Avec le Guatémala » rue du Monument, 7  6730 Ansart

Ou pour ceux qui désirent une attestation fiscale,
 sur le compte 000-0000028-28
 de Oxfam-Solidarité rue des quatre vents, 60  1080 Bruxelles,
 sans oublier la communication : « 2003/GLA/00086 Ansart »

 

POUR S’INFORMER

ð      Un livre de Gérard Lutte

ð       « Les enfants de la rue au Guatemala, princesses et rêveurs », Ed. l’Hartmattan.

ð      Une vidéo de André Stuer « Leur histoire s’écrit dans la rue »

ð      Un site : www.reteamicizia.net (multilingue)