le projet + APPROFONDISSEMENTS + 2001 - un projet d'amitié avec les filles et les garçons des rues du Guatemala

 

LE MOUVEMENT SE CONSTRUIT DANS LA RUE

 

Le mouvement se construit surtout dans la rue, dans les lieux ou les filles et les garçons vivent, travaillent, mangent et dorment. Le mouvement organise des rencontres, des moments de détente, des discussions; Parfois un groupe s’organise pour réaliser un projet.  Ainsi les jeunes du parc Colomb ont nettoyé le dépôt d’immondices qui leur servait de refuge la nuit, ils l’ont désinfecté et peint. Le groupe de la  «paroisse», quartier commerçant de la sixième zone, ont décidé de combattre le choléra en distribuant des tracts où ils expliquent les mesures d’hygiène qu’il faut prendre pour le prévenir.

Le premier mai 1998, les jeunes du mouvement ont participé à la manifestation populaire, accueillis avec sympathie par les organisations syndicales et indigènes qui reconnaissaient dans ces filles et ces garçons la classe la plus humiliée et exploitée du peuple guatémaltèque. Quand l’ouragan Mitch s’est abattu sur le pays, ensevelissant sous des éboulements de terrain, les pauvres baraques construites au fond des ravins, les jeunes des rues, les sans logis, ont aidé les autres pauvres à reconstruire leur habitation.

 

La rebellion espoire du changement 

 

Grecia, neuf ans, aux immenses yeux noirs de lumière et de rêves, est forcée à se prostituer. Quand elle prend dans ses mains une poupée, elle revendique son droit à l'enfance, elle, qui s'est retrouvée violemment insérée dans le monde sordide des adultes pervers sans en avoir pour autant perdu ni la candeur ni la pureté de l'enfance.

Beaucoup de petites filles des rues, princesses maya perdues dans la jungle métropolitaine, préfèrent la prison  à la liberté payée sexuellement aux policiers qui en abusent. Leur résistance est plus subversive que celle de leurs compagnons car elles ne contestent pas seulement l'oppression des classes dominantes mais aussi celle, plus ancienne, plus intime, des machos sur les femmes.

 

LA MAISON DES JEUNES SANS MAISON

 

Mais pour se développer le mouvement avait besson d’un point de rencontre pour tous les jeunes des rues, d’un lieu qui le rende visible. Dans le centre de la ville, le mouvement a loué une vieille maison de 1929 que les jeunes ont restauré avec l’aide d’un maçon et d’un menuisier. Filles et garçons ont raclé, poli, repeint les portes, fenêtres et murs de leur maison, remis à neuf les sanitaires et l’installation électrique.

La maison n’est pas un parking, mais un lieu de réunions, d’activités, de formation. Deux fois par semaine, le vendredi et le samedi, elle est ouverte à tous les jeunes des rues dès huit heures du matin: on commence par une bonne douche, le nettoyage du linge et des vêtements, le déjeuner. Puis, après quelques jeux relationnels, les jeunes se divisent en petits groupes pour débattre d'un thème. Ils présentent ensuite une synthèses de leurs réflexion à toutes leurs compagnes et compagnons réunis en assemblée, parfois avec des dessins ou des sociodrames. Quand il s’agit de prendre une décision, après le débat, on passe au vote.  Puis c’est l’heure d’un repas abondant préparé par quelques jeunes et les activités reprennent jusqu’au soir.

Depuis le mois de novembre 98, on cuisine dans la maison, avant lui fallait acheter les repas au dehors. C’est plus facile maintenant d’assurer une nourriture saine, équilibrée et moins coûteuse. Par la suite, quand nous aurons les moyens de donner trois repas par jour à tous les jeunes qui participent aux activités, on pourra donner du travail a deux ou trois personnes, organiser des cours de cuisine et vendre des produits cuisinés en créant des emplois pour ces jeunes.

Les cours d’alphabétisation et de l’école primaire, qui donnent des diplômes officiels,  ont commencé: les enseignants sont les jeunes eux-mêmes, aidés par des volontaires.  Pour les filles et les garçons qui le veulent il y a des groupes de prise de conscience  qui formeront les cadres du mouvement. Les filles se réunissent entre elles pour discuter de leurs problèmes, de la violence qu’elles subissent, du machisme.

Et lorsqu’il fait très froid, la maison devient un refuge de nuit : chaque bande a son local et fait respecter les règles décidées en assemblée et veille à ce qu’il n’y ait pas de violence ou de drogue.

Les projets sont nombreux et on les réalisera progressivement, lorsqu’il y aura les ressources et les compétences nécessaires : des ateliers de production (menuiserie, fabrication de poupées en étoffe, de chemises brodées, de chandelles, culture de plantes et de fleurs), activités d’expression (peinture, musique, théâtre).  Le premier journal des rues est déjà sorti deux fois.

 

LE MOUVEMENT DANS LES PRISONS

 

Beaucoup de filles et de garçons des rues sont victimes d’arrestations et d’incarcérations illégales. Le gouvernement du Guatemala semble vouloir résoudre les problèmes des rues avec un «nettoyage social» qui rappelle le «nettoyage ethnique» des années 80. Sous prétexte de vérifier leurs papiers d’identité ou en les accusant faussement de «scandale sur la voie publique», la police effectue des rafles systématiques, souvent violentes et totalement arbitraires.

Le mouvement organise des groupes d’aide mutuelle dans les prisons, et quand c’est possible, des cours d’alphabétisation et de peintes activités productives.  Il garantit  surtout un appui moral aux jeunes en prison et organise des protestations contre les rafles et autres violences policières.