lettres + 2007 Août, Deux jeunes filles du Mojoca en Europe

Du 25 septembre au 12 novembre, Maria Elena et Kenia, deux jeunes filles de vingt ans qui font partie du Mojoca, viendront en Europe, surtout pour rencontrer les groupes de notre Réseau d’amitié. Toutes les deux ont eu l’expérience de la vie dans la rue et dans de nombreuses institutions. Toutes les deux ont trouvé dans le Mojoca ce qu’elles cherchaient, un appui pour réaliser librement leurs rêves. Maria Elena vit dans la «maison du 8 Mars», le matin elle finit ses études moyennes, l’après-midi elle travaille dans notre atelier de couture. Kenia vit avec sa soeur, elle fréquente l’école moyenne le samedi et, durant la semaine elle participe au travail des rues. Elles ont été choisies par leurs camarades du Comité de Gestion pour représenter le Mojoca à l’étranger.

Pourquoi vont-elles en Europe?

Elles n’y vont pas pour demander la charité, mais pour revendiquer la justice non seulement pour les jeunes des rues, mais pour tous les jeunes des classes populaires du Guatemala et de l'Amérique Centrale, acculés à la misère, au désespoir, à la violence par la globalisation au service du pouvoir et de l’argent.

Dans ces derniers mois, tous ensemble, nous avons élaboré un projet du Mojoca pour les trois années suivantes. Nous y donnons une importance fondamentale à l’aspect politique de notre action. En effet, si la politique du Guatemala et des puissances qui dominent le monde ne change pas, la situation des jeunes ne fera qu’empirer. C’est pourquoi Maria Elena et Kenia participeront à l’assemblée de l’ONU des jeunes sur le thème “tous les droits pour tous”, au début octobre à Pérouse.

Il me semble que notre Réseau aussi devrait accentuer le caractère politique de son action en sensibilisant les communautés locales et les parlement à la gravité de la situation des jeunes dans le Tiers-Monde. Il serait bon d’organiser des rencontres  entre Maria Elena, Kenia et des autorités communales, provinciales, régionales et même nationales. Le ministre de la coopération des Pays-Bas a été frappé par la sincérité et la clarté d’une intervention de Kenia au cours d'une rencontre avec des jeunes guatémaltèques au mois de juin dernier. Il a déclaré qu’il ne se rendait pas compte avant d’avoir rencontré ces jeunes de la gravité de leur situation et de la nécessité d’y faire face.

Des rencontres avec d’autres ONG me semblent aussi utiles pour organiser ensemble des actions de pression sur les gouvernements d’Amérique Centrale.

Kenia et Maria Elena ne vous demanderont pas l’aumône, mais elles vous demanderont d’intensifier votre solidarité avec le Mojoca, de faire naître d’autres groupes d’amitié, de solliciter l’intervention de votre commune et d’autres organismes. En dix ans le Mojoca a fait du chemin, il est devenu l’organisation des jeune des rues dans la capitale du Guatemala. Nous avons maintenant une bonne organisation, une administration efficace, un projet complexe et bien articulé qui répond à toutes les nécessités des jeunes des rue. Le Mojoca est la seule organisation que dirigent les filles et les garçons des rues, où il y a une démocratie de base, où tout est transparent, la comptabilité, les salaires des travailleurs, et même les faiblesses et les erreurs. Nous sommes les seuls à envoyer des jeunes aux rencontres nationales et internationales où nous sommes invités.

Nous sommes prêts à entreprendre une action politique. Mais nous avons besoin de vous. Le Mojoca et les Réseaux d’amitié sont nés et ont grandi ensemble. Vous êtes le Mojoca en Belgique, témoins de l’horreur économique qui détruit l’humanité et de l’espérance d’un monde différent que les jeunes des rues peuvent aider à construire. Le titre de notre projet: SANS LA PARTICIPATION DES FILLES ET DES GARÇONS DES RUES ON NE PEUT CONSTRUIRE UN MONDE PLUS JUSTE. Maria Elena et Kenia viennent vous demander de continuer à grandir ensemble. Sans vous il est difficile d’imaginer un futur pour le Mojoca.

Un affectueux souvenir de la part des filles, garçons et travailleurs du Mojoca.

Gérard Lutte